Infinite Frontier, la nouvelle ère de DC Comics, arrive dans les pays francophones en 2022. J’ai déjà exploré un peu les titres en VO, et j’ai envie de vous en parler pour vous mettre l’eau à la bouche.
La fin de l’ère Rebirth a été compliquée. Il y avait très peu de bonnes séries. Ensuite le méga-event Death Metal a remis l’histoire à plat. L’univers DC a connu un soft reboot. Désormais, toutes les histoires comptent. Cela pose quelques problèmes de chronologie. Par exemple : Wonder Woman est-elle née de l’argile ou est-ce la fille de Zeus ? DC ne s’en soucie pas, alors le lecteur ne devrait pas s’en faire non plus.
Future State et ses futurs possibles
Aux Etats-Unis, la fin de Death Metal a été suivie durant deux mois par Future State. Comme son nom le laisse deviner, cette courte ère présente des futurs possibles. Les différentes histoires sont plutôt courtes et très dispensables. Il faut avouer que Future State n’est qu’une idée recyclée.
A la base, Dan DiDio, l’éditeur en chef chez DC, souhaitait que la fin de Death Metal aboutisse sur un bond dans le temps, et surtout à du changement. Les super-héros habituels auraient été remplacé par des héros plus jeunes. Cependant, DiDio a été licencié et son projet, en grande partie, a été abandonné. Future State est donc un recyclage de l’idée de DiDio.
Infinite Frontier, vers l’infini et l’au-delà
En mars 2022, l’ère Infinite Frontier a véritablement commencé aux USA avec le one-shot Infinite Frontier #0. A travers cette issue, le nouveau statu quo est introduit. Sans trop vous spoiler, désormais il existe un omnivers composé d’une multitude de multiverses. Le vrai bouleversement est que la Terre-0 (la terre habituelle où ont lieu la majorité des histoires) n’est plus le centre unique de l’omnivers. Elle partage le centre avec une nouvelle planète nommée Terre-Omega.
Infinite Frontier 0 sert d’avant-gouts pour quelques séries (Justice League, Flash, etc). A ce niveau-là, le one-shot est dispensable. Il est par contre important pour deux éléments :
- Une dizaine de pages introduit le nouvel arc de la série Batman.
- L’issue est une introduction aux grands événements cosmiques à venir et certainement au(x) futur(s) event(s).
A partir d’Infinite Frontier 0, l’univers de DC a connu un renouveau. La majorité des équipes artistiques a changé par rapport à Rebirth, et la plupart des titres ont débuté une nouvelle histoire. Si vous êtes un nouveau lecteur ou que vous avez lâché DC il y a un moment, Infinite Frontier est un bon point de (nouveau) départ.
La publication d’Infinite Frontier par Urban Comics
La nouvelle ère Infinite Frontier sortira chez Urban Comics dans la collection DC Infinite. Un changement de nom logique pour éviter d’embrouiller le lecteur. En effet, Infinite Frontier est le nom de la nouvelle ère ainsi que d’une mini-série. Pas évident n’est-ce pas ?
Parlons-en de cette mini-série Infinite Frontier, car c’est le premier titre qui sera publié par Urban dans leur nouvelle collection (le 21 janvier 2022). Le choix est judicieux puisque c’est une série cosmique qui révèle les débuts d’une crise à venir. Le lecteur va suivre la Justice Incarnée (la Justice League du multivers introduite dans Multiversity) qui enquête sur des évènements anormaux dans l’omnivers. En parallèle, Alan Scott (le premier Green Lantern) recherche ses camarades de la JSA qui manquent à l’appel.
Bien que le prix de 35€ pour seulement 360 pages soit élevé, je vous conseille ce titre. Malgré la multitude de personnages, ils arrivent tous à vivre sans être des coquilles vides. Le scénario de Joshua Williamson monte en puissance, et les dessins sont beaux. Ce titre est également l’occasion de revoir de nombreux personnages qu’on lit très peu tels que le président Superman Calvin Ellis ou Captain Carrot.
L’histoire est accessible à tous, et pour les connaisseurs de DC il y a plusieurs clins d’oeil à de multiples événements mythiques qui font plaisir.
La sainte trinité
Le 28 janvier 2022, Urban publiera deux titres dans la gamme DC Infinite. Il s’agit évidemment de séries liés à la trinité. Bizarrement Superman n’arrivera qu’en février. Commençons par Batman ! Malgré le fait qu’il s’agisse d’un tome 1, ce n’est pas un bon point de départ. Ce Batman Infinite est la suite des trois tomes de Batman Joker War. L’état actuel de Gotham City est une conséquence de la Joker War. Le personnage de Ghost Maker a un rôle secondaire important, et a été introduit dans le tome 3 de Joker War. Et pour savoir pourquoi Bruce Wayne n’est plus millionaire, il faut cette fois lire le tome 2 de Joker War.
Batman est une des rares séries à continuer avec le même scénariste et la même histoire. Et c’est une des plus mauvaises séries de cette nouvelle ère. Le Batman de James Tynion IV est le moins bon Batman que j’ai pu lire. C’est extrêmement bavard pour ne rien raconter. C’est très lent et ça ne décolle jamais. L’Event Fear State – qui sera publié dans les tomes 2 et 3 de Batman Infinite – est supposé être un grand évènement (toutes les séries de la Bat-family sont impactées), et malheureusement ce n’est pas le cas. Le récit n’est composé que six chapitres, pourtant cela met du temps à démarrer, et en plus ça ne décolle jamais. Je vous proposerai une critique plus détaillé lors de la sortie VF.
Selon moi, cela ne vaut pas la peine d’acheter Batman Infinite, et pourtant Jorge Jimenez est aux dessins. Peut-être que la série vaudra à nouveau le coup lors de l’arrivée de Joshua Williamson.
Enchainons avec Wonder Woman Infinite. Diana se retrouve dans la sphère des dieux. Cependant ce monde est sur le point de disparaitre et c’est à Diana de le sauver. Urban a décidé de publier un gros volume qui reprend le double arc où Wonder Woman tente de revenir parmi les vivants.
La première partie sur Asgard est très bonne, bien aidée par les dessins de Travis Moore. Malheureusement, j’ai décroché de la suite qui se déroule dans l’Olympe. Le scénario peine à se renouveler et le changement de dessinateur fait plutôt mal. Michael W. Conrad et Becky Cloonan écrivent une Wonder Woman intéressante, cependant les évènements qu’elle vit le sont beaucoup moins. Par contre, le deuxième arc repart sur des bases intéressantes.
Le dernier membre de la trinité a lui aussi droit à son comics qui sera intitulé Superman Infinite et sera publié le 11 février 2022. Il est important de signaler qu’Urban décide de ne pas publier les premiers récits du scénariste Phillip Kennedy Johnson (PKJ). Ce dernier a écrit deux courts arcs qui se focalisent plus sur Jon Kent et la notion d’héritage.
Ensuite, DC Comics a arrêté le titre Superman pour en créer un nouveau autour de Jon Kent écrit par Tom Taylor (voir plus bas dans cet article). PKJ a gardé le titre Action Comics où il a lancé une grande saga autour du Warworld, le monde dirigé par Mongul. Bien que le titre s’appelle Superman Infinite, ce sont bien les épisodes d’Action Comics que la série reprendra.
Quid de la qualité ? Je suis bien plus conquis par ce titre. Même si je trouve l’histoire un peu lente, j’ai senti que Johnson avait une vision à long terme. Ce premier arc est bon, et promet de belles choses. D’ailleurs, cet arc n’est que le début de la saga Warworld où Superman décide de contre-attaquer le dictateur Mongul après que celui-ci est attaqué la Terre. Le point fort de la série n’est pas le scénario (pourtant très bon), ce sont les dessins de Daniel Sampere (voir l’image plus haut). Vous l’avez compris, je vous la conseille cette série.
Je vous conseille d’autant plus la série que le tome 2 reprendra la mini-série Superman and The Authority. Une courte série (seulement quatre chapitres) où Superman (Clark Kent) crée une équipe en prévision de sa future guerre sur Warworld. Les fans du comics The Authority (un des meilleurs comics de super-héros) seront heureux de retrouver le couple iconique Midnighter et Apollo. Grant Morrison prend son temps pour raconter son histoire, tout en se permettant de faire des commentaires sur la société actuelle. Quant à Mikel Janin, il propose comme d’habitude du cassage de rétines.
Cette mini-série peut se lire indépendamment, et en même temps elle s’insère logiquement dans Superman Infinite et la Warworld Saga grâce aux liens effectués par Kennedy Johnson.
DC Infinite continue avec du Batverse
Le 25 février 2022, Urban Comics continuera à publier l’ère Infinite Frontier en se focalisant sur des titres du Batverse. Il sera question de trois titres : Harley Quinn, Joker et Nightwing. Je vais faire simple puisque je n’ai pas lu Harley Quinn Infinite, je n’aime pas ce personnage qui est devenu une sorte de Deadpool dans la continuité DC. Harley est bien plus intéressante dans des histoires hors-chronologie. Quant à Joker Infinite, je n’ai lu que la première issue, et je n’ai pas accroché aux longs dialogues, ni aux dessins de Guillem March. Néanmoins, le comics a bonne presse. Et contrairement à ce qu’indique le titre, le protagoniste principal est James Gordon.
Par contre, je n’ai pas manqué de lire Nightwing Infinite et j’ai bien fait tellement le titre est excellent. Tom Taylor écrit ses personnages avec brio, c’est impossible de ne pas aimer Dick, Barbara ou Tim. Les dessins de Bruno Redondo sont magnifiques. Une lecture fun mais qui n’oublie pas d’être sérieuse que je vous recommande plus que chaudement. Dommage que la qualité diminue lors du deuxième arc. Tom Taylor est obligé de lier son récit à Fear State, et de ce fait, l’histoire entamée dans le 1er arc n’avance pas.
Posez-moi la question : quelle série d’Infinite Frontier souhaites-tu voir en vf ? Je vous répondrai sans hésiter Robin ! Vous souvenez peut-être du fils de Batman, Damian Wayne. Et bien, il a droit à sa propre série, et c’est du fun à chaque chapitre.
Le comics est l’oeuvre de Joshua Williamson et Gleb Menikov. Les deux hommes ont fortement été influencé par le manga que ce soit dans le scénario (l’intrigue tourne autour d’un tournoi) ou dans les dessins. Le plus réussi est la caractérisation de Damian qui est toujours un petit arrogant, mais que Williamson a réussi à rendre attachant. En résumé, jetez-vous dessus quand ça sort en VF le 25 mars !
Comme il n’y a jamais assez de Batman, Urban Comics va publier, le 4 mars, la seconde série du chevalier noir. Je parle évidemment de Detective Comics qui pour sa parution française devient Batman Detective Infinite.
La scénariste Mariko Tamaki met bien en avant le fait que Bruce Wayne ait perdu son argent. Le titre est également bien ancré dans Gotham. Cependant l’histoire n’est pas passionnante. Batman enquête sur un meurtre, et se retrouve à faire face au père de la défunte ainsi qu’à un parasite.
Tamaki prend son temps pour raconter son récit, et bizarrement la fin est expédiée. Le point fort de la série est Dan Mora (le dessinateur de Once & Future). Malheureusement, le rythme de la série est élevée, et Mora est remplacé trop régulièrement par Viktor Bogdanovic.
Le problème est que ce dernier a un style très différent. Bogdanovic est un héritier de Greg Capullo. Detective Comics ne tient malheureusement pas sur la longueur.
Il n’y a pas que le Bat-verse de prévu
La série suivante a beaucoup fait parler d’elle dernièrement, il s’agit de Superman : Son of Kal-El. Le comics suit Jon Kent qui devient Superman suite au départ de son père. Tom Taylor est au scénario et il a décidé de proposer un Superman moderne. Superman symbolise l’espoir. Mais de nos jours où le monde enchaine les catastrophes et où l’écologie devient un enjeu de plus en plus important, les citoyens ont besoin de quelqu’un qui les pousse à agir et leur montre la voie. C’est ce que fait Jon Kent dans le comics en prenant position sur plusieurs thèmes forts, et en hésitant pas à participer à une manifestation. En outre, le personnage offre une plus grande visibilité à la communauté LGBT qui en manque cruellement dans les comics.
Bref, Superman : Son of Kal-El est une vision moderne de l’homme d’acier et selon moi un immanquable. En plus, John Timms est très bon aux dessins. Sortie le 1er avril.
Enchainons avec le meilleur Flash de tous les temps : Wally West ! Malgré les tentatives de DC de détruire le personnage, il bénéficie d’un capital sympathie énorme. Il n’est pas étonnant que Wally hérite de la série The Flash.
Le scénariste, Jeremy Adams, réhabilite Wally dans son premier arc où notre héros voyage dans le temps pour sauver la force véloce. L’histoire mêle avec brio le fun (Wally poursuivit par un dinosaure) et le plus sérieux (Adams revient sur Heroes in Crisis). Après cet arc, le scénariste propose des numéros un peu de remplissage où Wally est mis en avant dans son rapport avec la ville, ses citoyens ainsi que sa famille.
Adams lance ensuite un arc autour de la magie, et le niveau remonte. Le scénariste accompagné par Fernando Pasarin propose d’ailleurs une issue interactive et géniale où le lecteur doit participer pour aider le bolide écarlate. Ce Flash par Jeremy Adams est le digne héritier du run de Geoff Johns sur Wally, et ça fait du bien. Ne ratez pas la vf le 25 mars.
Je termine par Swamp Thing Infinite. Une maxi-série que je n’ai pas lu car j’attendais que les dix issues soient sorties. Cependant la série a été prolongé de six issues grâce à son succès critique. D’ailleurs je n’ai lu que des critiques élogieuses sur ce titre que je découvrirai en même temps que vous lors de sa sortie VF au mois de mai.
Je remarque que j’ai été vraiment très long. Donc je vous remercie (et vous plains un peu) si vous avez tout lu. J’en profite pour vous signaler le fait qu’il y a une suite à cet édito où je reviens sur les autres séries Infinite Frontier. Enfin, je vous invite à partager votre avis sur le sujet soit dans la section commentaire ou sur les réseaux sociaux.
Pour vous récompenser de cette longue lecture, une magnifique double page dessinée par Xermanico pour Infinite Frontier #1 :
Nico et le temple du Geek 
Un avis sur « L’Édito de Nico n°1 : Infinite Frontier »